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Histoire de voyager en bateau au grè des iles des Antilles
Histoire de voyager en bateau au grè des iles des Antilles
  • Ce blog raconte le(s) voyage(s) sur l'eau d'un couple de retraité, jeune... avec leur voilier Lady A (Amour, Amitié, Aventure). ils invitent les amoureux des iles à les rejoindre ! voir site www.voilierlady-a.com
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12 septembre 2011

DIRECTION MAROC

Gib 1Lundi 5 septembre, 11 heures:
Nous quittons la baie de Gibraltar, au milieu de dizaines de cargos et commençons à embouquer le détroit avec un petit courant contraire en raison de la marée. Il nous faut quatre heures au moteur (vent debout bien sûr..) pour parcourir les 24 nautiques du détroit.
A 15h15 par 35° 58' N et 5° 36' W, au Cap Tarifa ….. NOUS SOMMES DANS L'ATLANTIQUE !
Direction sud, en laissant la côte marocaine sur bâbord. Nous coupons le rail des cargos montants et descendants le plus rapidement possible, en slalomant pour toucher le cap Spartel, nous sommes sur la côte africaine.
20 heures: Nous nous préparons pour notre première nuit en atlantique. Le vent est modéré de secteur NE avec un houle de NO. On marche à 7/8 nœuds. La lune (ma bien-aimée) à la fin de son 1er quart, nous éclaire jusqu'à trois heures du matin. Nous sommes en plein dans son sillage. C'est fantastique! on a l'impression qu'elle nous ouvre la route alors que de part et d'autre c'est nuit d'encre (brrrrrrrrrrrrrrr). Nous veillons pour surveiller les filets dérivants, le cauchemar de tous les navigateurs, et surtout nous surveillons sur le radar le trafic des cargos. C'est fou ce qu'il y a de monde dans ces parages...la nuit. Nous dormons par petites tranches de 2 heures (surtout moi) et Marc sommeille dans le cockpit, en gardant un œil alerte. Ouf ! L'obscurité cède la place à une pale lueur à l'est, le jour se lève il est 8 heures. Nous mettons la ligne de pêche à l'eau mais comme d'habitude.... rien de la journée !

Mardi 6 septembre:
8 heures : nous longeons la côte africaine à environ 50 nautiques. Sommes à 60 MN dans le NO de Rabat. Vent de NE à 15 nœuds, la mer est agitée, forte houle. Nous filons sous voiles en ciseaux, génois tangonné. Sportif... d'installer un tangon de 18 kgs, 5 m de long sur l'avant du bateau qui monte et descend au gré de la houle... On essaie de barrer pour soulager le pilote et économiser de l'énergie, car qui dit naviguer à la voile signifie également faire de l'énergie pour alimenter les frigos et le pilote très gourmand. Mais ce n'est pas évident, de prendre les vagues par la hanche tribord et de partir sur la vague avant que la suivante ne nous rattrape. Nous croisons YERATEL, avec qui nous entretenons une liaison VHF dans la journée, qui lui tire des bords pour chercher le plus de vent possible car il ne peut pas mettre ses voiles en ciseaux, alors qu'avec cette allure nous pouvons faire route droite (chemin le plus court). Bonsoir ma lune bien aimée !
A 20 heures : nous sommes à 40 nautiques au NO de Casablanca. La nuit s'annonce chaude, façon de parler, car en fait il fait très froid avec une humidité qui nous pénètre. Nous dormirons ou veillerons en permanence dans des vêtements humides. La brise a fraichi, et s'établit entre 18 et 22 nœuds. La mer est forte, des creux d'environ 2 à 4 mètres. Nous avons nos gilets et sommes attachés à la ligne de vie du bateau. Nous prenons un ris dans la grand voile et réduisons le génois tangonné. Nous n'arrivons toujours pas à dormir correctement en faisant des quarts, mais on commence à mieux s'organiser.
Trois heures du mat : Je suis de quart. Marc s'est assoupi dans le carré. Brusquement un projecteur au loin m'aveugle et une embarcation, à vive allure, fonce sur nous. Le cerveau engourdi, par le manque de sommeil et le froid, ne me permet pas de réagir immédiatement et de prévenir Marc. Le bateau va vite, et manœuvrer avec un tangon pour réduire la vitesse est difficile. Nous embrayons à fond et à froid.., le moteur, erreur fatale, tout en essayant de larguer le tangon, nous sommes pris dans le filet !
Avec les lampes frontales, car la lune s'est éclipsée... (dodo) nous essayons de détacher les filins pris dans l'hélice (merci le coupe orin). Tant pis pour le filet du pauvre pécheur, mais nous coupons tout ce que nous pouvons, tout en essayant de maintenir le bateau qui s'est mis en travers de la houle. A première vue, il nous semble ne pas y avoir de dégât, à part la frayeur et la montée d'adrénaline. Pour le coup nous sommes bien réveillés et reprenons notre route, heureux de voir poindre le jour dans quelques heures pour faire un meilleur constat de la situation. 

Mercredi 7 septembre

JOYEUX ANNIVERSAIRE OLIVIER !
Une belle journée s'annonce malgré un vent de NE à 20/24 nœuds. Marc accède à la cale moteur pour vérifier l'état de l'arbre, de l'hélice...Nous mettons en route, au ralenti, le moteur. Un bruit, non habituel, provient de l'inverseur et le moteur semble chauffer... Nous restons optimistes, mais nous allons devoir envisager de ne pas pouvoir l'utiliser si le vent se calme comme la météo l'annonce. Wait and see...
La liaison VHF, nous apprend que YERATEL a cassé le point d'amure qui retient son geenaker et que celui-ci est partie à l'eau durant la nuit. Après beaucoup d'efforts ils ont réussi à le remonter sur le pont. Nous ne sommes pas les seuls à avoir soufferts ! coucher soleil 2
Nous avons fait depuis Gibraltar 349 MN et ressentons de plus en plus le besoin de dormir, de nous laver..
En fin de journée, sommes à la hauteur de SAFI, et allons prendre du large pour contourner les hauts fonds, où nous pensons rencontrer encore des pêcheurs et leurs filets.
Nous accueillons un clandestin... un petit oiseau qui se met au chaud dans le carré, malheureusement nous le retrouverons mort jeudi matin.
Minuit : cap au 135 pour faire route directe sur Agadir. La houle s'est calmée mais le vent se maintient autour de 20 nœuds. Sommes au petit largue ce qui nous permet de filer entre 6 et 8 nœuds. Nous rencontrerons peu de cargo, nous sommes déjà loin de leur route habituelle, et malgré les feux de filets que nous apercevrons toute la nuit, nous nous garderons bien de nous en approcher !

Jeudi 8 septembre:
Belle matinée ! Nous faisons route directe sur Agadir, que nous pensons atteindre vers 17h, si le vent de NE autour de 15/17 nœuds se maintient. La mer est presque plate. Nous sommes contents on va bientôt arriver ! Un regain d'énergie.. et le fait que le bateau avance bien à plat, me fait mettre au fourneau ! Je commence par le pain … 2 belles baguettes bien gonflées sortent du four ! Pas de poisson (on n'est pas doué il va falloir prendre des leçons) plus de viande, mais je vais confectionner un couscous légumes à ma façon, l'odeur du Maghreb sans doute ! Il fait chaud avec un superbe soleil, on commence à apprécier la différence de latitude.
A 12 heures: Nous sommes à 50 nautiques au NO d'Agadir. Plus de vent ! Brise de 7/8 nœuds, en plein dans le c.... Pour le LADY A c'est comme si nous étions à l'arrêt, ce qui est d'ailleurs le cas ! Puisque nous faisons entre 2 et 3 nœuds porté par un léger courant. A cette vitesse, il nous faut plus de 15 heures ! Et nous n'avons pas envie de passer une autre nuit. Il nous faut de la propulsion ! Marc est obsédé par le fait que le moteur chauffe, que l'inverseur fait un bruit bizarre....Nous commençons par contacter YERATEL, qu'en penses-tu ? Puis c'est le tour d'Olivier que nous joignons par Iridium, puis nous essayons de joindre Jean-Paul notre mécanicien …. Bon il faut se résoudre à ne pas utiliser pour l'instant le moteur, et à le garder en cas de coup dur ou pour rentrer dans le port. Nous apercevons la côte marocaine au loin, et il nous faut continuer en essayant d'éviter les 5/6 chalutiers (gros) qui draguent (le poisson..) en carré et qui n'en n'ont rien à faire de nous, pauvres plaisanciers. Il est évident que nous ne pourrons atteindre Agadir de jour...
A 16heures : Marc se décide à plonger pour voir ce qui se passe dessous... je vous passe l'avant préparation et l'après... pour ceux qui le connaissent vous comprendrez ce que cela veut dire ! Un morceau de filin entoure l'arbre.
Ghir 1Nous décidons de mettre le cap sur GHIR qui se trouvent à environ 17 nautiques. Nous mettons le canot à l'eau et poussons par l'arrière ou par le coté LADY A, qui va avancer entre 3 et 6 nœuds. Nous arriverons à 21h30 (heure française) soit 5 heures d'efforts... et jetterons l'ancre dans le plus grand brouillard... (voir photos). Enfin nous allons pouvoir prendre une douche, dormir, sous la couette, dans notre cabine, enfiler nos pyjamas secs ! Nous avons fait 493 milles et il nous reste 16 milles pour arriver à Agadir. BYE BYE BONNE NUIT !

Vendredi 9 septembre:
Nous devons mettre nos montres à l'heure marocaine, c'est-à-dire TU (temps universel, heure de Greenwich moins 2 heures par rapport à la France).
8 heures TU... Nous sommes cassés ! Avons des douleurs dans les bras, le dos en raison des efforts de hier pour avancer. De plus il fait froid, sommes dans la purée de pois, mais où sommes nous tombés ! Pas de vent, calme plat. Que faire ? Nous n'osons pas partir au moteur, 16 nautiques, trop loin avec un moteur qui peut chauffer. La météo annonce une brise de 15 nœuds dans le courant de la journée... attendons la levée du brouillard. Plus de liaison VHF avec YERATEL qui est au chaud à la marina...heureusement que nos portables marchent encore, mais cela va nous coûter cher !
Nous quittons le mouillage de GHIR vers 13h sous un pale soleil et une petite brise de 6 nœuds, de travers, qui va se calmer très vite. Enfin nous arrivons à prendre la brise de NO de 15 nœuds annoncée et filons, petit largue, autour de 4 -5 nœuds, pointe à 6 Hourra... ! on tangonne !
Brouillard 315 heures: le brouillard se lève, il fait froid, nous remettons les polaires, les bonnets de laine et les vestes chaudes ! On se croirait en Bretagne (pointe de Brest... là où il fait le plus froid pour nous). Nous longeons la côte, qui est magnifique bordée par les hauts plateaux de l'Atlas. C'est irréel …. et très curieux sous cette latitude 30° N... (vous verrez plus loin, pourquoi..)
16 heures : il nous reste encore 6 MN, et le brouillard s'épaissit de plus en plus. Nous avons moins d'un mile de visibilité. Nous allumons les feux de navigation, le feux de hune... et le radar ! (incroyable non..) nous surveillons les nombreux bateaux qui sortent des ports d'Agadir pour aller pêcher. Nous sommes toujours à la voile, dans le coton, tout est silencieux, c'est comme au ski dans le brouillard, seulement nous on n'a pas de carre sous la coque, et nous glissons entre 4 et 5 nœuds.
Agadir 5A 18 heures: nous rentrons dans la marina, aidé de Samir (le responsable du site) qui est venu en zodiac à notre rencontre et retrouvons nos amis de YERATEL (frigorifiés) mais heureux de nous savoir arrivés à bon port. SALAM OUALIKOUM AGADIR ! (pas sure de l'orthographe..)
On est contents de les avoir fait ces 509 milles !

PS: pour ceux qui ne s'en souviendraient pas.. pour les autres (les experts en nav..) ne pas lire ce chapitre !

LA LATITUDE définit l'hémisphère NORD ou SUD, à partir de l'équateur (0) il y a 66°34' de part et d'autres de l'équateur. A titre d'exemple la côte d'azur est située à la latitude 43° N (pour faire simple)

LA LONGITUDE indique L'EST ou L'OUEST. Son point de référence est le méridien de Greenwich (0). Elle s'exprime également en degré et minutes. La côte d'azur est située à la longitude 7° E. Nous avons passé le méridien anglais entre Formentera et Carthagène et sommes passés par conséquent à L'OUEST. Bref, tout cela pour dire que nous sommes partis de la latitude 43° N et sommes actuellement à la latitude 30° N. Soit, un déplacement de 13° vers le sud, direction équateur où il est censé faire chaud !:
Si on convertit tout cela en kilomètres (j'ai bientôt fini...) nous avons :
1° = 60' = 60 NM  = 111,12 km (60 x 1.852 m)
13° = 13 x 111,12 km = 1444 km plus au sud que notre point de départ.

 NOUS SOMMES DANS LA PUREE DE POIS, IL FAIT FROID !

 

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Commentaires
C
Trop trop l'impression d'être avec vous j'adore te lire Annette je te Bade oh Putin !!!!<br /> Bizousssss de chez nous a vous 2
M
Coucou mes naviguants preferes.... Houlala quelle aventure.... ça ne rigole pas sur Lady A. En tout ça vous êtes des champions. Moi aussi j'aimerai bien être à Agadir avec vous. Maman voudrait bien repartir aussi même si on ne dort pas beaucoup.<br /> En attendant ici c'est l'été, j'en profite pour vous envoyer du soleil et de la chaleur, pour sécher les draps et le linge humide et aussi vous réchauffer. Vous êtes sur d'avoir fait bonne route et de ne pas être en Ecosse?????<br /> Bisous<br /> Votre petit rayon de Soleil, Mahé le ti mousse Doudou des îles
Z
Quelle aventure ! Evidemment en pleine nuit, sinon ça n'est pas drôle... C'est "drôle", nous discutions justement de l'intérêt du coupe-orin (comme il nous en faut deux...), en imaginant typiquement le cas du filet dérivant en pleine nuit et en pleine mer, avec houle et vent. <br /> A la lecture de vos nav, je vais ajouter quelques polaires dans les valises ! <br /> on vous embrasse, à très bientôt
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